lundi, octobre 16, 2006


"Ma mort et moi ne nous rencontrons jamais"

La Philosophie, quoiqu'on en dise, reste la matière que tout le monde attend avec une impatience démesurée/indicible/hors du commun/extraordinaire (rayez la mention inutile) durant ses années lycée. Allez, avouez, vous qui avez assistés, émerveillés, à vos premiers cours de philo : vous n'attendiez que cela depuis que vous aviez appris l'existence de cette chose qu'est la philosphie. Rien que parce qu'on ne la découvre qu'en terminale, que seuls les "grands"[1] peuvent y avoir accès, elle paraît mystérieuse et pleine de promesses - ce qui peut sembler paradoxal, d'ailleurs, puisque si l'on en croit Epicure, ce type sympa qui n'aimait pas les moustiques (Epicure/E-piqûre --> BLAGUE)(taratata tsoin tsoin), il n'y a pas d'âge pour philosopher les cocos hein; je le sais, je connais la Lettre à Ménécée sur le bout des doigts et le bonhomme il a dit que sérieux, la philosophie c'est le kiff total, que tu sois un minga ou un ieuv, wesh cousin cmt ca va bi1?)(ah non, je m'égare).

Quoiqu'il en soit. La première fois que j'ai entendu le mot philosophie, c'était en CM2 (on fait ce qu'on peut). Mon instit, homme tout à fait charmant au demeurant (dans le genre tueur d'enfants on ne fait pas mieux) et pour qui j'avais une affection démesurée (je pleurais toutes les larmes de mon corps le matin avant d'aller à l'école tant cet homme me terrifiait), nous a un jour dit que la philosophie, c'était un truc qui faisait que tu te posais des questions. Tiens, par exemple, est-ce que vous vous êtes déjà posé la question de ce qu'était la mort ? (trois doigts timides qui se lèvent, dont le mien) : bah voilà, CA c'est la philosophie.
Peutain je me suis dit, ça doit être bonnard la philosophie, ça doit rendre intelligent, je devrais plus souvent écouter papa quand il dit des trucs compliqués (mon cher poute est fou de philo, il a eu son bac S grâce à ça et à l'allemand, ndlr[2])

Le temps passe, mon instit trépasse (ah non, mince, il vit encore ce sale gros connard bougre), je débarque au lycée et deux ans plus tard me voici en terminale L (fière fière), avec, au programme, 8 heures de philo par semaine mesdames messieurs mes chiens et méduses (décidemment, ce soir, quel humour décapant cette cassiopee, ahaha, je sais pas vous mais moi je délire trop)(hm). 8 heures, oui, ça peut sembler monstrueux, titanesque, insurmontable, mais moi je le vis assez bien, il faut le dire. Et puis la philo étant dotée d'un joli petit mignonnet coeff 7, je crois que 8 heures est un minimum.

Ce qu'il y a, c'est que mon prof de philo est une perle. Alors 8h/semaine avec une perle (sans l'huître bien sûr, j'ai eu ma dose de Francis Ponge l'an passé moi, merci)(arrêtez-moi, pitié), c'est de suite plus facile qu'avec une..pfrt..je sais pas moi, avec une morue malade (je reste dans la métaphore aqueuse si vous voulez bien)(attention ça mouille)[3].
Pourtant, j'étais partie avec l'idée que j'aurais forcément un prof de philo nul à chier, parce que moi j'ai jamais de chance, j'ai un mauvais karma tfaçon, ouin la vie c'est moche, bouh bouh bouh, allez casse-toi.
Mais non. Non non. La vie est sympa parfois, elle fait des surprises comme ça, et un jour elle vous bazarde un prof de philo merveilleux au milieu du chemin (le Chemin de la Vie, putain c'est beau ça)(émue).

Il n'est pas très grand, il est même carrément rase-pâquerette, faites attention quand vous marchez : vous pourriez l'écraser sous la semelle de vos converses. Il est plutôt ventru, avec des petits bras, une courte barbe blanche et des cheveux poivre-sels qui ondulent avec la pluie. Et puis, il a les yeux les plus bleus que j'ai jamais vu. Il fume des gitanes à chaque interclasse et laisse toujours le paquet bien en vue sur le bureau... Il a entre 55 et 60 ans aussi, alors ne viendez pas dire que je suis amoureuse de lui ou quoi hein, c'est juste mon Mentor, mon maître, mon tuteur, mon guide spirituel, Celui vers qui tout converge (non).

C'est un prof génial, de ceux qu'on peut écouter (que je peux écouter) pendant des heures, qui vous instruisent véritablement (vous sentez votre savoir grandir de l'intérieur), qui vous donnent envie de vous attacher à eux, parce que, même humainement, ils sont extraordinaires.

Et, effectivement, il est extraordinaire.

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[1] ce mythe qui soutient que l'élève de terminale est un "grand" est un PUR MENSONGE. Oui mesdames, on vous a menti! Un terminal n'est qu'un première+1 an, voire un seconde+2 ans, voire un petite section+14 ans. Regardez-moi : je suis toujours aussi fraîche et innocente qu'à la première heure.
[2] ahaha, j'ai une anecdote à propos de ça (de "ndlr") mais j'ai pas le temps de vous la raconter; Alors ma gueule, oui, je sais.
[3] promis après ça j'arrête avec les blagues nulles