mercredi, juillet 26, 2006


En ces temps caniculaires et propices à la transpiration (Dieu tout puissant, sauvez-nous dans votre grande miséricorde de la noyade sudoripare), il est de bon ton d'aller s'aérer l'esprit et l'aisselle. Aussi avons-nous décidé, ma grand-vioque, ma soeur et moi de mouvoir nos séants afin d'effectuer un long pélerinage qui nous mènerait de notre pinède, protégée des potentielles aggressions extérieurs, jusqu'au monde civilisé (ce qu'on appelle communément Ville, oui).

Aussi avons-nous, hier soir, revêtu nos plus beaux atours et nous sommes-nous parées pour affronter Les Gens, cette entité terrible et mystérieuse que je ne côtoie plus depuis trois semaines. 21h10, dans la chariotte; 21h13, et nous étions garées devant le Théâtre de Verdure, prêtes à franchir le portail du parc Sans Souci (armées jusqu'aux dents)(non).

Nous avions pour bête projet de passer une soirée agréable, à la fraîche, dans un cadre poétique et plein de charme à nous éclater à regarder une pièce de théâtre. Vous conviendrez qu'on a déjà vu projet plus ambitieux.
Nous étions prêtes, dès 21h15, à profiter de "Méditerrané*e", puisque c'était le nom de la pièce qui, si l'on en croit le papier publicitaire, aurait dû nous proposer une épopée en quatre pièces d'après d'antiques récits du bassin méditerranéen, une comédie épique, avec ombres, marionnettes et masques. Ca a l'air sympa, présenté comme ça, non? Croyez-moi, j'étais emballée. J'étais persuadée que nous passerions une soirée sublime. Mais le Créateur Tout Puissant Jésus Marie Amen en avait décidé autrement, et la soirée de rêve s'est transformée en cauchemar (j'exagère si peu).

Ca faisait longtemps que je n'avais plus vu une telle daube. Sincèrement. Même Yvonne princesse de Bourgogne (te souviens-tu Moune?) où j'ai failli partir en scandale et où seuls les 20€ que ces enfoirés de gonzes nous ont fait cracher m'ont retenue (ma mère me paie une soirée théâtre, par respect pour elle je serre les dents et j'attends que ça passe, c'est la moindre des choses), et ben MEME elle, même Yvonne était plus supportable que le type frappé du ciboulot que j'ai vu hier soir. Pour vous donner une idée du degré de daubitude de la chose, la moitié du public s'est barré avant la fin du spectacle. La vérité sort de la bouche des gens qui partent. Ou presque.

Alors je vais vous dire. Déjà, ils ont commencé avec 40 minutes de retard, pour cause de problèmes techniques (je t'en foutrai, moi, des problèmes techniques). En soi, je vous l'accorde, ça n'a rien de grave, et ça l'est encore moins si le spectacle qui suit est d'une qualité esstrême. Mais là... Là.. pfff. Heureusement, depuis que je lis del j'ai toujours un crayon et un petit carnet sur moi, au cas où. Ce fut le cas où et ça nous a sauvé du désespoir, ma soeur et moi.

Une heure passe et les lumières s'éteignent, les chuchottements aussi : le spectacle commence.
Les musiciens mettent 2 bonnes minutes à arriver (2 minutes dans le noir absolu sans qu'il ne se passe rien alors qu'il DOIT se passer quelque chose, ça angoisse, c'est moi qui vous le dit). Autant de temps avant que les deux acteurs n'apparaissent.
Ca commence mal, mais je reste confiante (j'avais tort).

Et puis c'est le drame.
Du n'importe quoi, du pseudo-intellectuel, du on veut se donner un genre, bref, ridicule, une caricature.
L'acteur principal est arrivé sur scène déguisé en samouraï (vous m'expliquerez ce que foutent les samouraï en méditerranée) avec sur la face un masque immonde, type 3€ chez monoprix, un genre de vieux au teint basané et au nez d'ivrogne. Comble de l'horreur, le type a pris durant tout le spectacle (une heure et quart de torture) un accent à couper au couteau, un accent inaudible, insupportable, à vous cogner la tête contre les murs. Pas un accent type je viens d'espagne c'est pas ma faute ou alors je suis moldave de naissance, non ; un accent pour se donner du style. Ajoutez à ça un micro amplificateur qui donne un effet d'écho à sa voix et vous avez moi, jeune fille de 17 ans bien élevée, qui croit péter un plomb et qui a envie de tout casser. Je n'ai rien écouté. Rien. Je ne vais pas au théâtre pour me forcer à me concentrer sur une voix que mes oreilles refusent d'entendre, merde.
Il est très regrettable d'ailleurs que ce monsieur se soit caché derrière son masque et son accent, parce que nous avons eu l'occasion plus tard de le voir en vrai : il avait une voix sublime et il était beau comme un dieu. J'aurais au moins pu avoir le plaisir de regarder un visage adorable pendant une heure et quart, mais non.
La pièce en elle-même était brouillone, floue, incompréhensible. L'acteur changeait de lieu et d'espace temps sans nous prévenir, il paumait son public en court de route ; il n'y a eu aucun échange, aucune volonté d'intéresser ; il était seul avec son monologue. Déplorable.

Je suis passée par tous les stades : de la déception à l'étonnement, du scepticisme à l'incompréhension, sans compter mes nombreux fous rires. Silencieux, bien sûr. Je sais me tenir.

Mon dieu quelle soirée de merde.
Et le type de conclure le spectacle en disant "s'il y a des choses qui vous ont plu ou déplu, dites-le nous hein, on est ouvert, open-mind, ça fait que 8 fois (!) qu'on joue cette pièce, on est en rôdage blablabla;..." et de se tirer au pas de course.

T'inquiète monsieur, ma grand-vioque ma soeur et moi on va t'envoyer un mail pour tout te dire ce qu'on a aimé, un joli petit mail bien tourné.
Compte sur nous.